Il est assez fréquent de penser que les hommes violents ne seraient que dans la répétition des violences faites à leur propre mère puisqu’ils ont assisté très tôt et souvent à ces scènes. Nous pensons en réalité que les hommes violents ne sont pas des anciens enfants victimes d’une situation de violence dans leur milieu familial, mais sont au contraire, des hommes qui n’ont pas vécu le traumatisme de la violence. Penser ainsi, c’est accepter de dépasser la théorie de la répétition victimaire, qui voudrait que nous ne serions que le strict produit de notre éducation et celui des situations que nous avons vécues. La violence qu’elle soit physique, psychique, sexuelle est d’abord et avant tout, un moyen pour l’homme, de tenter de contrôler la femme qui vit à ses côtés, au moins pour quatre raisons : La première, serait que l’homme étant par sa constitution et aussi selon les critères sociaux de la beauté, physiquement plus fort que la femme, il aurait tendance à utiliser cette supériorité physique pour la contraindre et la soumettre à son pouvoir. La seconde, l’homme bénéficierait d’un mode éducatif différent de celui de la femme, qui serait basé davantage sur la force et le contrôle, la puissance et l’excès, plutôt que par l’analyse, la discussion, la négociation, la mesure et la recherche d’un terrain d’entente. La jeune fille bénéficie très tôt d’une éducation qui vise à la rendre responsable à devenir la gestionnaire du foyer, celle qui devra assumer les responsabilités et apprendre à se contrôler. Celle qui devra utiliser la parole comme moyen d’éducation, de négociation, comme celle qui privilégiera la réflexion et l’analyse, mais aussi, et on l’oublie trop souvent, celle qui usera de la parole comme outil privilégié dans la stratégie de conflit. La troisième raison serait que les femmes évoluent de façon régulière et rapide. Les femmes s’émancipent, elles veulent être autonomes, elles veulent avoir des postes de responsabilité, elles veulent gagner autant que les hommes, et cette émancipation, va de pair avec le constat que les hommes demeurent dans leur quant-à-soi. Une telle évolution, perçue comme une perte de pouvoir leur semble inacceptable, insupportable. La quatrième raison serait que l’homme voyant cette évolution constante, cette détermination des femmes à avancer, ressent en retour un sentiment de fragilité, d’insuffisance, d’inutilité, pour tout dire, de dépression. La violence serait une façon pour lui, de tenter de dépasser cette souffrance, en raison de sa difficulté à mentaliser cette dernière, par manque d’éducation, par manque d’habitude et aussi par manque de volonté de changement des habitudes.
Errol NUISSIER