Il me revient en tête une chanson de Jacques BREL, intitulée « quand on n’a que l’amour ».

En l’état actuel, j’ai l’impression que cette chanson conviendrait à la situation. Elle convient même trop bien. Car BREL dit « quand on n’a que l’amour à offrir en partage ». Car l’amour est une force individuelle qui se renforce, se réénergise (excusez le néologisme) se développe, se diffuse, au fur et à mesure que l’on la développe en soi et que l’on la partage avec les autres.

Mais il en est de même pour la mort. Les psy le savent bien. La vie en nous ne se développe pour avancer qu’à partir du moment où Eros triomphe de Thanatos. A partir du moment où l’on a réussit, malgré les très fortes pressions internes et externes, à faire triompher la vie en soi, en choisissant l’amour et la vie. Le développement de l’amour n’a jamais été et ne sera jamais une donnée acquise. Ce sera toujours un effort sur le désir de maîtrise, de destruction et d’aller vers la chaos, pour nous faire aboutir au nirvana (le bien-être total, la béatitude, qui est aussi la mort).

Il y a toujours une très faible distance entre la vie et la mort, mais il faut choisir la bonne voie. Celle qui conduit au développement de la vie en soi et autour de soi. Et il me revient en tête également ce leitmotiv du leader du LKP: « l’Etat français est là pour nous détruire, pour opprimer, pour nous réprimer, pour nous tuer ». A force de la répéter, je me suis dit c’est pas le fil rouge de toute sa démarche. Le but étant de périr, à défaut de vivre.

En effet, j’ai toujours fait remarquer que l’on ne construit rien en usant de la politique de la main tendue, en demandant et en ne proposant rien et en ne s’engageant pas à faire des choses. Lorsque Delgrès dit, en se faisant sauter à Matouba, « Vivre libre ou mourir« , il est, en temps que soldat, entrain de se battre pour la liberté de son pays, il se défend. Il ne demande rien, sinon la fin de l’oppression en rappelant que « la résistance à l’oppression est un droit inaliénable et sacré« . Il ne se bat pas pour une amélioration du pouvoir d’achat, il dit clairement ce qu’il veut, il veut vivre libre. Et il est d’ailleurs étonnant que ceux qui rappèlent l’histoire, ne rappelent pas ce choix digne. Tout faire pour bloquer le système et le tuer à petit feu, ce n’est pas digne.

Or j’ai actuellement, le sentiment que nous sommes dans une logique de la mort, qui ne dit pas son nom. D’abord parce que l’on nous a amené hier, à commémorer un massacre et non un fait de construction. Même si le pouvoir, au cours de cette répression sanglante, a rappelé que seul l’Etat a le monopole de la violence légitime, mais a aussi a montré son échec à gérer autrement que par la force, une situaion de crise grave et durable. Mais, lorsque l’on fait le choix de bloquer, de ne pas proposer, d’exiger, de commémorer, que dis-je, de vénérer la mort, alors, on est dans une logique de la mort, qui ne dit pas son nom. Et je crois que pour construire un pays, pour rendre sa dignité à un peuple, pour unir ceux qui souffrent tous les jours de l’injustice, il n’y a que la solidarité, il n’y a que le respect de l’altérité, le respect de la liberté, il n’y a que l’amour. Faisons le choix de l’amour, pour que notre peuple continue de grandir. Il a montré sa capacité à résister, donnons lui la possibilité de s’exprimer, de laisser développer la vie et l’amour qu’il a en lui.

De: Errol Nuissier

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